|
Naissance
: |
2 octobre 1732
à
Plounévez Lochrist
La bataille de Kerguidu se déroula le 24 mars 1793 après le combat de Saint-Pol-de-Léon lors d'une révolte paysanne contre la levée en masse préfigurant la Chouannerie Malgré leur échec du 19 mars, les paysans du Léon restent sous les armes, les insurgés de Plouescat, Plougoulm, Cléder, Sibiril, Roscoff, Plounévez-Lochrist, Plouzévédé, Plouvorn, Saint-Vougay et Tréflaouénan1 continuent d'encercler Saint-Pol-de-Léon. De son côté, le général Canclaux gagne le pays de Lesneven, après avoir vaincu les insurgés des environs de Plabennec lors du combat de Plabennec.Les insurgés commandés par Botloré de Kerbalanec fils, espèrent délivrer les municipaux de Plougoulm et prendre la ville patriote de Lesneven. Ils doivent faire face à deux colonnes républicaines, la première occupe toujours Saint-Pol-de-Léon, la seconde, commandée par le général Canclaux est à Lesneven, mais les insurgés la croient à Ploudalmézeau. Leur plan est de couper les communications entre les patriotes, le 21 mars, ils tentent de couper le pont de l'étang près de Saint-Pol, mais reculent à la suite de l'arrivée de troupes. Dès le lendemain, ils récidivent et détruisent le pont de Kerguidu1, que franchit l'antique rocade reliant l'amirauté de Brest à la capitale de l'évêque-comte qu'est Saint Pol, à mi distance entre Lesneven (près Vorganium) et Plougoulm (ex Castel Meriadec4).La garnison de Saint-Pol-de-Léon envoie des courriers, demandant à Morlaix 500 hommes en renforts et réclame l'aide du général Canclaux et de ses 1 200 hommes. Dans leurs courriers, ils évaluent à 8 000 le nombre des insurgés mais cette estimation est probablement exagérée. Pour l'heure, les patriotes élèvent des retranchements craignant l'imminence d'une attaque1. Le 22 mars, on signale 1 500 hommes armés à Plouescat et Berven. Le 21 mars 1793, interrogé par le Comité de sûreté local, des témoins déclarent : « Michel Kerbaol, domestique chez Tanguy Le Roux, de Kérolland en Plouédern, qui a déclaré qu'environ deux cents personnes de Plounéventer, tous armés de fusils et de faucilles, en passant par Kérolland l'avaient forcé à se mettre en route avec eux pour aller à Plabennec, mais qu'il n'était allé que jusqu'au moulin de Luchan, ayant trouvé moyen de s'échapper, parce qu'on marchait sans chef et sans surveillants, qu'il s'était armé d'un fusil parce qu'on le lui avait commandé. (...) Gabriel Gestin, du Rest en Ploudaniel, dit que plus de trois cents personnes passèrent devant sa maison ; elles étaient, dit-on, de Plounéventer, Saint-Servais, Plougar, que plusieurs entrèrent chez lui et le forcèrent à les suivre et à s'armer de sa faucille sous peine d'être tué. (...) Le comité se consulte ensuite s'il y a lieu de faire abattre les clochers où le tocsin a sonné ; on ajourne la question. » En effet, le comité de surveillance de Landerneau est informé par une dénonciation que les rebelles ont planifié une attaque sur Saint-Pol pour le 24 mars. Les Républicains se décident à agir au plus vite, le 23, menés par Guillier, commissaire du département et Pinchon, commissaire du disctrict de Morlaix, 400 hommes de la garnison de Saint-Pol-de-Léon, comprenant les volontaires du Calvados et des gardes nationaux de Morlaix, marchent sur Kerguidu dans le but de réparer le pont.A 10 heures du matin, après seulement une lieue de chemin, les Républicains se heurtent aux paysans embusqués sur le versant droit de la vallée du Guillec, qu'ils ne dispersent que grâce à leur pièce d'artillerie. Les Bleus poursuivent leur progression, mais subissent, quelques pas plus loin, une seconde attaque. Ils parviennent néanmoins à se frayer un chemin jusqu'au pont mais se heurtent à des insurgés de plus en plus nombreux. On remarque notamment, parmi ces derniers, bon nombre de femmes. Les paysans finissent par encercler les patriotes, ces derniers se mettent en formation carrée et gagnent la colline dominant la rive droite de la rivière du Dourdu, où le terrain est plus favorable pour maintenir à distance les rebelles. Pendant ce temps, les ouvriers s'attellent à la réparation du pont.Après une heure et demie de combat, la situation commence à devenir délicate pour les Républicains, ils sont presque à court de cartouches et l'essieu de leur canon s'est brisé. Alors qu'ils commencent à faiblir, ils sont secourus par l'arrivée sur la rive gauche du général Canclaux à la tête de 3002 à 1 0006 hommes. Les renforts lancent alors une charge à la baïonnette et s'emparent de la colline à gauche de la rivière, les artilleurs y placent leur pièce d'artillerie qui achève la déroute des rebelles. Cependant sur la rive droite, les paysans continuent l'attaque du carré républicain. Canclaux hésite avant de les secourir, craignant que la retraite sur Lesneven ne soit coupée. Finalement, il traverse le pont, entretemps réparé, et prend les insurgés à revers. Les paysans prennent la fuite et se dispersent en direction de leurs paroisses, les Républicains sur leurs talons. Dans la déroute le canon détruit plusieurs bâtiments, et selon Guillier, les patriotes préfèrent fusiller les insurgés plutôt que de faire des prisonniers. À quatre heure du soir, la bataille est finie. Les Républicains se mettent ensuite en route sur Saint-Pol-de-Léon, mais en chemin, l'arrière-garde est attaquée par 400 à 500 paysans sur la route de Landivisiau, quelques tirs d'artillerie suffisent pour les repousser. Selon les estimations républicaines, le nombre de paysans tués lors des affrontements de Kerguidu aurait été de 400 tués et 300 blessés8, estimations probablement surévaluées.D'après le chef de bataillon Thomas Clouard, commandant du détachement de Saint-Pol-de-Léon, les insurgés ont perdu 250 hommes environ, tandis que les pertes de son détachement ne sont que de 5 ou 6 blessés.François Cadic avance une perte de trois morts et dix blessés pour les patriotes et de 100 à 120 tués pour les insurgés, attribuant les faibles pertes des Républicains à la médiocrité de l'armement des rebelles.Selon les recherches d'Albert Laot, les registres de décès des communes de Plougoulm et Tréflaouénan, théâtres des affrontements, ne mentionnent la mort que de six paysans insurgés, dont deux femmes, et d'aucun soldat. Cela semble confirmer le rapport de Canclaux selon lequel aucun soldat républicain n'est tué lors de la bataille, huit seulement sont blessés Le combat de Kerguidu met fin à l'insurrection dans le Léon. La répression se met en place, les communes insurgées sont désarmées, les cloches de leurs églises sont descendues et surtout elles sont contraintes de payer une lourde amende. Des centaines de paysans sont capturés et jugés et deux d'entre eux Jean Pedel et François Guivarch du Relecq-Kerhuon sont condamnés à mort et guillotinés. François Barbier et Jean Prigent maires de Ploudalmézeau et Plouzévédé subissent le même sort, le premier à Brest le 17 avril, le second à Lesneven le 23. La répression et la présence d'une forte garnison à Brest font que le Léon ne connait plus de soulèvements pendant la Chouannerie
|